La génération des Payasos de la Tele

Les Espagnols des Années 70 ont grandi avec la génération des Clowns de la Télévision « Payasos de la Tele ».

Ils étaient certainement les clowns espagnols les plus populaires du 20^ème siècle. Déjà dans les Années 60 leur présence heureuse marquait les cœurs des jeunes Espagnols. Ils ont poursuivi leur activité artistique jusque dans les Années 80. Au cœur de la dictature franquiste ce programme était un des spectacles de clown les plus regardés en Espagne, mais aussi dans d’autres pays. C’est ainsi que beaucoup d’enfants de l’époque ont été influencés par ces clowns d’un nouveau genre.

Quelques années après lorsque j’étais enseignant dans un grand collège madrilène j’avais eu dans l’un de mes classes la fille d’un de ses clowns. Pour moi, comme pour beaucoup d’enfants et d’adultes, une vraie nostalgie est restée vive. Chacun se sentait proche d’eux parce qu’ils étaient simplement proches de nous, de notre quotidien et accompagnaient de la sorte nos rires, nos joies et nos peines. Des compagnons de vie. Ils étaient aussi célèbres dans la Péninsule ibérique que Raphael, Julio Iglesias, Juan Pardo… La compagnie des « Payasos de la Tele » était composait de Gaby, Fofó et Miliki, qui avaient été initiés à l’Art du Cirque par leur père et leur oncle. Plus tard, Fofito, Milikito et Rody, de la même famille, les ont rejoints plus tard.

Gabriel Aragón (Gaby) a été le précurseur. En 1934, il commence une carrière de clown avant d’être rejoints par ses frères cinq ans plus tard. Le Trio clownesque était formé… pour durer. C’est en 1949 qu’ils font leur première télévision depuis Cuba. Ils conquièrent l’Amérique latine et les États-Unis de rapidement. Ils y restent 27 ans. L’Année 1972 marque leur retour triomphale dans le pays de Vélasquez où ils deviennent un véritable phénomène médiatique. Ils commencent à travailler dans l’émission télévisée « Había una vez un Circo » sur la chaîne Televisión Española.

À cette époque, la Télévision espagnole n’était pas très en avance par rapport aux autres Télévisions européennes ; par exemple la France. Les programmes américains avaient le monopole des séries et des programmes qui n’étaient pas très variés. Dans ce contexte les programmes pour émergent très rapidement. Quelle est leur recette ?  Des blagues, des chansons, des spectacles simples et amusants.

L’Espagne déchirée de l’intérieur entre hermétisme et ouverture vivait les toutes dernières années de la dictature du Général Francisco Franco Bahamonde. La télévision ouvrait de nouveaux horizons, et la Censure laissait ces programmes agir tant qu’ils ne touchaient pas le socle familial, la critique de l’Etat, les bonnes et la sacro-sainte Eglise catholique.

Aujourd’hui, de nombreux livres publiés racontent cette histoire avec nostalgie et bienveillance. Le Noir et Blanc n’enlevait pas l’estime des jeunes générations, et quand la jeune génération put enfin voir ces programmes en couleur ce fut une véritable explosion de joie et des spectacles burlesques hauts en couleurs qui disaient la Vie dans une Espagne « martyrisée » de l’intérieur. Ces clowns représentent un moment de la culture espagnole très particulier ; et en même temps ces jeunes Espagnols et leurs parents ont assisté à une transformation irréversible de la manière d’être des enfants.

En France, les « Bario » essayent de trouver leur place comme leurs confrères Espagnols. Nés sur le Voyage, Nello et Freddy Bario débutent en 1927 à Medrano aux côtés de leur père Bario et de leur oncle Dario. À 14 ans, Nello avait déjà trouvé son personnage de clochard filiforme tandis que son jeune frère Freddy, costumé en groom, jouait les utilités. La famille s’associe un temps avec le Cirque des Fratellini. Les « Bario » (Freddy Bario, Henny Bario (épouse de Freddy), Nello Bario, et Betty Bario (Beatrix Meschi, fille de Freddy et Henny) sont les personnages qu’affectionnent les Français. Leur carrière démarre concrètement en 1958, et c’est la télévision française qui leur donne le coup de pouce nécessaire. Ils participent à plusieurs émissions :  1,2,3 en piste ! les émissions du jeudi après-midi (sans école), les nombreuses émissions dont celles de de Jean Nohain, et le Club Dorothée.  « La Piste aux étoiles » présentée par Jean Lanzac depuis le Cirque d’Hiver (Paris) et le Cirque Pinder de Jean Richard, parmi tant d’autres, ont donné aux clowns une belle visibilité.

En France, comme en Espagne, les clowns ont accompagné la vie des enfants et des adultes pendant des Années de transition et de grands changements. Aujourd’hui, les clowns ont disparu du paysage audiovisuel, et des rares cirques qui subsistent encore à travers l’Europe et le Monde. Ils agissent encore, et surtout dans l’espace hospitalier auprès des enfants malades, et parfois touchés par des maladies incurables.

Puissent les temps qui arrivent donner à de jeunes gens la vocation d’accompagner nos vies ; et surtout de nous faire rire pour ne pas pleurer…