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Fallas de Valencia 2023

par | 9 Mar 2023 | Divers | 0 commentaires

Nos voisins, à Valencia (Espagne) célèbrent traditionnellement ce temps culturel de joie et de transgression : las FALLAS.

Après les Fêtes de fin d’année, la saison des Carnavals vient marquer un lieu de passage entre le monde de la nuit et de la lumière, entre ce qui est confiné et ce qui veut vivre, ce qu’il faut tuer et ce qu’il convient de faire naître… Passer des profondeurs à la lumière, et à ce qui est permis. Pour des raisons proches et similaires ; et encore sans doute différentes dans le fond la communauté juive célèbre la Fête de POURIM. La communauté chrétienne avant d’entrer dans le Carême vit joyeusement (parfois outrageusement) le Temps du Carnaval et le Mardi Gras.

On ne compte plus en France, en Europe et dans le Monde ces lieux de rendez-vous aux Canaries, à Rio de Janeiro, à Nice. 

Las Fallas (Falles, en valencien) sont une fête populaire inscrite au Patrimoine immatériel de l’Humanité de l’UNESCO depuis novembre 2016.  Elle a lieu traditionnellement début mars, et se termine au jour du Patron des Charpentiers – Saint Joseph (le 19 mars). Chaque année plus d’un million de touristes se réunissent pour cet événement ; et pas seulement des Européens parfois dans des trains spéciaux ! On voit arriver beaucoup d’Espagnols… La fête est à la taille de Valencia. Plus qu’à Barcelona, Valencia vit encore une vie de quartier, de proximité et de traditions culturelles. Chaque quartier et chaque rue participe à cette fête. La circulation dans la ville est contrariée et tout le monde vit dans un rythme différent. Ces festivités se déroulent également dans une centaine de villes de la Communauté valencienne (Alicante, Orihuela, Alcoy, Alzira, Xàtiva…).

Le terme « falla » viendrait du latin « facula » (« petite torche »). Certains pensent que ses origines remontent à l’époque des Grecs et des Romains. Ils célébraient des fêtes en l’honneur des dieux du feu et de la guerre. Au Moyen-Âge, à la fin de l’hiver, les charpentiers brûlaient le support en bois qui servait à accrocher leur torche. C’était leur manière de remercier leur saint Patron, Sant Josep (José). A ces supports étaient accrochés de nombreux objets qu’ils voulaient se débarrasser. On veut faire du neuf et repartir à zéro. On brûle le « vieil homme » pour « se revêtir » des habits neufs de « l’homme nouveau ». Le monde ancien c’en est allée, et c’est un monde nouveau qui veut commencer. On voit, également ici, le substrat chrétien de se défaire du péché et du Mal, de tout ce qui est un frein pour revêtir des choses nouvelles avec la Résurrection du Christ. Durant la Semaine Sainte, à Hellin (Province d’Albacete) nous trouvons la même idée vécue d’une autre manière à travers le bruit des tambours (idem à Tobarra). Est-ce aussi une résurgence des fêtes païennes qui marquait l’arrivée du Printemps ?

Peu à peu les supports et les objets dont on voulait se défaire sont remplacés par des personnages reconnaissables de l’entourage des charpentiers ; et jusqu’à nos jours des représentations satiriques. C’est au 18ème siècle que la fête se fige avec ses Fallas (1885). La compétition entre les quartiers, les associations et les Casals commence… Les guerres, le temps de la censure où il n’était pas bon de présenter des satires du pouvoir marquent l’arrêt de cette fête. On relance la fête en proposant un Prix récompensant les plus belles d’entre elles remportant un franc succès jusqu’à notre époque. Une saine concurrence fallera va voir le jour. Malheureusement, la Guerre civile pendant trois ans n’a pas pu donner à la Communauté de Valencia de pouvoir célébrer cette fête.

Ordinairement la durée officielle des Fallas de Valencia se situe mi-mars (jour de la plantá infantíl) jusuqu’à la Fête de Saint Joseph. Le 15 au soir, dans chaque quartier est implantée une falla faite en carton-pâte peinte avec des couleurs vives). On compte environ 380 casals fallers. Chaque casal expose une « falla major » (pour les adultes), et une falla infantil (pour les enfants) ; soit 760 falles au travers de la ville. Elles sont fabriquées tout au long de l’année dans de grands ateliers de la ville (fallers). Le jury passe voir toutes les falles de Valence le 16 mars, et décerne de nombreux Prix. Là-même où elles auront été érigées, elles seront brûlées au Jour de la Saint Joseph (la « Cremà » dans la nuit du 18 au 19 mars, la « Nit de foc » nuit du feu). La plus grande et artistique d’entre elles est celle de la Place de la Mairie de Valencia.

Les casals sont des associations de quartiers rassemblant des bénévoles qui tout au long de l’année organisant et récoltant des fonds pour cette fête. Ils disposent chacune d’un local permanent faisant office toute l’année de club de quartier. Les casals ont chacun leur fallera major (reine de la Falla). L’une d’elles sera élue, à l’année suivante, fallera major pour toute la ville de Valence.

Réalisation des Fallas

Les fallas adultes sont beaucoup plus grandes. Parmi les 381 fallas adultes, on en distingue 15 qui sont appelées Fallas Especiales: ce sont celles qui proposent les plus grandes et les plus belles car elles sont réalisées par des quartiers ayant plus de moyens financiers. Les quartiers se battent pour obtenir le meilleur artiste fallero.  Les quartiers se battent pour obtenir le meilleur artiste fallero. La falla de Plaza de la Merced fait partie de ces Fallas Especiales dont la taille est comprise entre 20 et 30 mètres de haut. Le montage et la création d’une falla est un travail très minutieux et professionnel. La structure en bois qui soutient les moulages de papier mâché ou de polystyrène doit être assez solide pour supporter le poids des moulages et résister à d’éventuelles intempéries. Elles ont ainsi donné naissance à une industrie artistique hautement qualifiée, très technique et très spécialisée.

Les thèmes des fallas infantiles sont plus petits que ceux des adultes. L’accent est mis sur ce qui les fait rêver (pirates, fées, monstres…) ou évoquent les bienfaits de la lecture, de la famille, de la Vie… Elles sont toujours très colorées (figurines – « ninots ») qui dénoncent, brocardent, critiquent, rient de tout et de tous. Les thèmes sont très variés, allant de la dénonciation politique au football en passant par les lois nouvellement votées et les stars de la téléréalité espagnole, mais ils sont toujours traités de façon satirique ou humoristique. Rien ni personne n’est épargné. Une totale liberté d’expression est de rigueur ! Il y a aujourd’hui 381 fallas et autant de fallas infantiles réparties dans toute la ville de Valencia. Chaque falla adulte est assortie d’une falla infantile. Non loin de la Paroisse de Notre Dame de Monteolivete (quartier de la Cité des Sciences) est adossé le « Musée fallero » ou « Musée del Ninot ».

Un environnement de fête… multidimensionnelle

A Midi sur la Place de la Mairie a lieu un spectacle pyrotechnique la « mascletà » : d’énormes pétards sont tirés vers le ciel explosent selon un rythme qui va crescendo. Des milliers de personnes s’y rassemblent. Les quartiers également organisent de temps à autres des « mascletà » plus locales. On organise également des feux d’artifice. Les plus grands professionnels de la pyrotechnie offrent un spectacle pendant plus de 20 minutes en tirant des fusées de toutes les couleurs. Le spectacle est diffusé en Direct tous les jours sur la télévision locale.  Dans la Capitale du Levant espagnol, et dans d’autres villes organisant ces fêtes, des Corridas sont organisées, ainsi que de nombreux défilés. Au mois de juillet, les Valenciens élisent la « Fallera major » (« Reine des Falles »). Plus de la moitié des habitants de Valencia défilent en costume traditionnel pour offrir des fleurs à la Vierge Marie de los Desemparados. Une grande et énormissime structure en bois sur laquelle chaque quartier, association fallera viendra proposer un bouquet ; le tout formant une impressionnante et très belle « statue éphémère » de la Vierge devant la Basilique.

Chaque quartier gère ses propres illuminations (souvent) aussi magnifiques qu’à Noël ; et peut-être davantage encore. Certains quartiers ont des systèmes d’éclairage très sophistiqués avec une mise en scène alliant la musique lors de l’inauguration et une remise de Prix pour le plus beau d’entre eux. Durant les festivités, des rues sont barrées laissant la place à de nombreux stands et des manèges. On se régale de churros ou de buñuelos de calabaza. On y voit de la bière et du vin. On y mange des glaces et d’autres douceurs. On s’y restaure également autour de viandes rôties, grillées, des sandwichs de jamon ibérico ou de Pata negra. A cette occasion, et fait unique en Espagne, l’Archevêque de Valencia permet la consommation de viande en temps de Carême !!! On ne peut pas comprendre cette ambiance de fête qui règne aux quatre coins de la ville sans y être venu quelques jours pour y sentir et découvrir ce que sont les Fallas valencianas !!! Réservez votre chambre d’hôtel longtemps à l’avance pour être sûrs de pouvoir vous loger.

Jeux de lumières…, et d’ombres

Il y a malheureusement une ombre à ce beau tableau… Le montant de ces œuvres éphémères représente plusieurs centaines de milliers d’euros ; addition du coût de la création et de la construction des fallas, les costumes traditionnels, défilés, fleurs pour la ofrenda, les feux d’artifices, pyrotechniciens, artistes et ouvriers falleros, etc… Il faut aussi ajouter le coût de la présence des pompiers venus renforcer leurs confrères de Valencia de toute l’Espagne ou des pays frontaliers. Les Fallas sont financés essentiellement par les dons des habitants de chaque quartier. Dépenses d’un moment puisque tout sera brûler dans la nuit du 19 mars pendant la Cremà. En 2009, un record a été pulvérisé avec plus de 10,5 millions d’euros. Le budget actuel maximal autorisé serait de 190 000 euros par sculpture.

Si Valencia est réputé pour sa paella, son riz, ses agrumes et ses fleurs, on ne connaîtra réellement la ville que lorsque l’on aura vécu ces fêtes de l’intérieur. « Valencians Ja estem en Fallas !!! »

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