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L’ARMENIE et le CONFLIT dans le HAUT KARABAGH

Les origines de ce conflit remontent au début du 20ème siècle. Appelée aussi la République de Artsakh par les Arméniens, son histoire est multiséculaire.

Le contexte de la crise actuel…

Le conflit concernant le Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan n’est pas nouveau et a connu de fortes tensions comme en juillet dernier. Le conflit actuel vise à en finir avec la République d’Artsakh sur une base de ressentiments, et à retrouver des terres convoitées réputées appartenir à l’Azerbaïdjan.

Deux raisons militent à cette guerre : l’une est énergétique et l’autre géopolitique.

** En juillet 2020, les affrontements se sont déroulés dans la région frontalière du Tovuz, non loin des zones où passent les oléoducs et les gazoducs azéris passant par la Géorgie et qui débouchent en Turquie. Ankara cherche « à sécuriser » la région aux dépens de la Russie.

** L’autre raison de cette offensive militaire est une volonté géopolitique de redessiner le Caucase du sud à l’image de ce qu’était l’Empire ottoman, permettant ainsi une liaison entre la Turquie et l’Azerbaïdjan. L’Arménie, tout comme le Haut-Karabakh, apparaît comme des verrues à éradiquer. Ankara a estimé que les conditions régionales et internationales étaient remplies pour accomplir ces deux missions. Les officiels Turcs et Azerbaïdjanais répètent qu’ils forment « un peuple, deux États ».

Le Haut Karabagh à feu et à sang – Situation géographique du Haut-Karabakh

Il s’étend sur 4 400 km². Sa population est de 150 000 habitants, avec une population à 99% arménienne par la langue, la culture et la religion chrétienne.

Qu’est-ce que la République d’Artsakh ?

L’Artsakh, anciennement « Haut-Karabakh », est une République autonome située dans le Sud- Caucase, entre l’Azerbaïdjan, l’Arménie et l’Iran. Sa superficie est d’environ 11 500 km² et sa population s’élève aujourd’hui à 151 000 habitants. Sa capitale est Stepanakert. Mais, après la disparition de l’Union soviétique, seuls l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont été reconnus comme États indépendants par la communauté internationale. Il n’est reconnu par aucun Etat-membre de l’ONU, pas même l’Arménie qui négocie en son nom avec les autres puissances étrangères.

L’Arménie voisine de l’Azerbaïdjan soutient militairement les indépendantistes. La Turquie y voit une ingérence manifeste au vu du droit international. Face au soutien d’Erevan aux rebelles du Haut Karabagh, la Turquie s’est proposée de soutenir Bakou. Tout comme Ankara, l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) a condamné vigoureusement les attaques répétées de l’Arménie sur les territoires occupés de l’Azerbaïdjan (y compris l’Afrique).

L’Azerbaïdjan est en pleine reconstruction nationale et identitaire

Ces jeunes Etats à dominance ont vécu coupés du reste de l’Oumma islamique pendant plus de 70 ans, et la fin de l’URSS a rompu cette autarcie. C’est ainsi que les religieux arabes, iraniens, etc. investissent ces terres de mission en plein contexte de mondialisation. Les jeunes Républiques musulmanes s’inscrivent dans une sorte de continuité par rapport à l’ancien régime soviétique. L’Azerbaïdjan, pays turcophone à majorité chiite, réclame le retour sous son contrôle de la province du Haut Karabakh, qui lui fut rattachée en 1921 sous l’URSS, peuplée très majoritairement d’Arméniens chrétiens. L’Azerbaïdjan a pour langue officielle l’azéri (une langue turque). C’est un Etat laïque à la population majoritairement chiite avec une minorité sunnite. 

Chronologie du conflit

En 1917, la République d’Azerbaïdjan, tout comme celle d’Arménie, sont englobés dans l’Union soviétique. L’URSS crée une éphémère République de Transcaucasie, et en 1936 trois républiques différentes : la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Dans chacune d’entre elles existent différentes ethnies minoritaires et des majorités géorgiennes et arméniennes (en majorité de confession chrétienne) et azéries (de langue proche du turc et de confession en majorité musulmane).

En 1921, cession de la région du Haut-Karabakh, peuplée d’Arméniens, à la République socialiste d’Azerbaïdjan turcophone malgré une dense population arménienne (94%) : déplacement de nombreuses populations arméniennes et politique de « désarménisation ».

Années 1988 – L’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev ouvre une nouvelle phase. Les Arméniens se plaignent à Moscou d’une volonté politique locale de vouloir « azérifier » la région, d’augmenter l’influence et le nombre des Azéris du Haut-Karabagh et d’en même temps réduire sa population.

Le 26 février 1988, un million de personnes revendiquent dans les rues de Erevan le rattachement du Haut-Karabagh à l’Arménie. Union à l’Arménie.

Septembre 1988 – Arrivées des troupes soviétiques dans la région.  Début du conflit armé : la majorité des Arméniens d’Azerbaïdjan se réfugient en Arménie et la majorité des Azéris d’Arménie font de même en Azerbaïdjan.

1991 – Démantèlement de l’URSS entraînant la région dans une escalade politique et militaire. Première guerre du Haut-Karabagh (de l’automne 1988 à juin 1994) : plus de 30 000 morts, plus d’un million de déplacés.

2 septembre 1991 – Déclaration d’indépendance, et naissance de la République du Haut-Karabagh.

Adhésion des États du Caucase du Sud à l’OSCE en 1992 (instance internationale en vue des négociations, sous la forme du Groupe de Minsk ; composé de 11 États dont l’Arménie. Est coprésidé par les États-Unis, la France et la Russie.

Au printemps 1993, les forces arméniennes s’approprient des régions à l’extérieur de l’enclave. Le Conseil de Sécurité de l’ONU adopte 4 résolutions (n°822 du 30 avril 1993, n°853 du 29 juillet 1993, n°874 du 14 octobre 1993 et n°884 du 12 novembre 1993), et s’adressent à l’Azerbaïdjan et à la République d’Artsakh.

En 1994, Contrôle arménien de l’enclave, et de 9 % du territoire azerbaïdjanais, soit 14 %.

Mai 1994, Cessez-le-feu sous l’égide de la Russie. Début des négociations entre les deux pays impliqués sous la supervision du Groupe de Minsk de l’OSCE.

En février 2017, un nouveau référendum consacre le changement de nom du pays (Haut Karabagh) et retrouve son appellation d’origine sous le nom de République d’Artsakh.

27 septembre 2020, Reprise des affrontements. L’absence de l’une des parties principales à la table des négociations, due au fait que l’Azerbaïdjan n’accepte de négocier qu’avec l’Arménie, rend difficile tout progrès réel. La reconnaissance internationale de la République d’Artsakh permettrait d’entamer des négociations de paix.

29 septembre 2020, le Conseil de sécurité de l’ONU appelle à l’unanimité à l’arrêt des combats entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Le Conseil appelle les protagonistes à travailler avec les coprésidents du Groupe de Minsk (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE)). Appels multiples multipliés des Présidents russe et français. Les forces azerbaïdjanaises sont à l’offensive.

Le Dimanche 18 octobre 2020, l’Azerbaïdjan et l’Arménie s’accusent d’avoir violé une nouvelle « trêve humanitaire » une semaine après un premier cessez-le feu jamais respecté. Territoire régulièrement disputé : 1905, 1917, 1921, 1988, 1991, 2016…

Une internationalisation du conflit

Au cœur du Caucase, l’Azerbaïdjan regorge de richesses fortement convoitées. Le conflit se déroule à quelques dizaines de kilomètres de pipelines enterrés exportant du gaz et du pétrole de la mer Caspienne vers la Turquie. La multiplicité des intérêts et des acteurs complique une éventuelle résolution diplomatique à ce conflit. Bakou et Erevan sont otages de la rivalité russo-turque.

La Turquie, avec l’arrivée en 2002 au pouvoir des islamo-conservateurs, souhaite jouer de nouveau un rôle majeur dans la région (politique néo-ottomane). Elle encourage son voisin à continuer son intervention militaire jusqu’à la récupération de ses terres. Bakou peut compter sur la Turquie au nom du panturquisme. Le Conseil turcique qui regroupe l’Azerbaïdjan, la Turquie, le Kazakhstan et le Kirghizstan, a demandé à l’Arménie de retirer ses troupes de l’enclave. L’Arménie constitue aux yeux d’Ankara le principal obstacle à la jonction de la Turquie avec les républiques turcophones d’Asie centrale. L’armement azéri provient de la Russie, d’Israël et de l’Ukraine.

La Russie, alliée historique de l’Arménie, vend des armes aux deux parties. La Turquie agit dans son « domaine réservé » ; et contrecarre son rôle de médiateur entre les deux anciennes Républiques soviétiques. Elle souhaiterait ne pas être contrainte à faire jouer l’alliance militaire avec l’Arménie, où elle dispose d’ailleurs de deux bases militaires. Les deux pays sont en effet liés par un traité de défense qui oblige Moscou à défendre l’Arménie si elle est attaquée (l’Organisation du traité de sécurité collective/OTSC).

L’Iran chiite soutiendrait davantage l’Arménie chrétienne, avec laquelle il a de forts liens économiques et historiques, que les Azerbaïdjanais, pourtant majoritairement chiites. Téhéran essaye comme Moscou de ménager les deux parties, en raison d’une forte minorité azérie en Iran. Sa position est difficile à tenir : soutenant le droit à l’intégrité du territoire, redoutant les séparatismes ; et craignant le panturquisme. Revirement stratégique. L’Iran a déclaré apporter son soutien à l’Azerbaïdjan, en dépit d’une alliance de longue date avec Erevan.

Mobilisation internationale et solidarité internationale

On compte plus d’un million de réfugiés, dont 650 000 Azéris et plus de 400 000 Arméniens qui ont fui l’Azerbaïdjan vers l’Arménie ou la Russie. Ces réfugiés et personnes déplacées vivent des situations différentes. Selon la Croix Rouge, actuellement, les personnes les plus précaires sont les réfugiés et les déplacés ayant reçu un asile et une domiciliation en Artsakh. En raison de la non-reconnaissance de cet État, ils sont privés d’aide internationale et ne peuvent compter que sur les ressources limitées de la République d’Artsakh. Sécuriser le sort de ces populations de réfugiés du Karabagh est la priorité en matière d’aide humanitaire et de restauration de la confiance. Dans la région du Haut-Karabakh, une bonne partie de la population civile a été évacuée. Le nombre de morts depuis la reprise des combats fin septembre entre l’Azerbaïdjan et des séparatistes arméniens s’approcherait de 5000, selon le Président Vladimir Poutine (22 octobre 2020).  https://www.france24.com/fr/europe/20201023-conflit-haut-karabakgh-5000-morts-vladimir-poutine-armenie-azerbaidjan

Depuis le début du conflit, la communauté arménienne se mobilise.
Le Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes avait débloqué plus de 55 000 € pour acheminer 13 tonnes de médicaments et de matériel d’urgence aux familles arméniennes qui ont tout perdu à Artsakh. Une chaîne de solidarité s’est organisée en réponse au conflit meurtrier entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans la région du Haut Karabakh. La Croix bleue et la Maison de la Culture arménienne de la Drôme et de Décine (Rhône) ont lancé une collecte de compresses, médicaments et produits infantiles à destination des victimes du conflit entre Azerbaïdjan et Arménie dans le Haut Karabakh. Un avion chargé de dix tonnes d’aide humanitaire destinées aux populations arméniennes sinistrées par la guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie au Haut-Karabagh avait été affrété décollé depuis Lyon à l’initiative du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/haut-karabagh-avion-aide-humanitaire-vient-decoller-lyon-armenie-1884368.html

La moitié de la population de la province a déjà fui vers l’Arménie, dont 90% de femmes et d’enfants.

Les populations qui fuient les combats au Haut-Karabakh sont accueillies dans les grandes villes de l’Arménie, principalement Erevan. Les habitants de la capitale se mobilisent pour héberger les arrivants, en achetant de la nourriture et des vêtements. La Directrice du Centre KASA s’inquiète surtout pour les personnes restées à Stepanakert, terrées dans des abris précaires, sans chauffage ni sanitaires.

Autre difficulté : Les violents combats pourraient être à l’origine d’une forte hausse des cas de Coronavirus en Arménie et en Azerbaïdjan. Le nombre de cas a considérablement augmenté ces deux dernières semaines dans ces deux pays, a affirmé mardi à Genève l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Face à cette urgence sanitaire et humanitaire, l’OMS a décidé de renforcer ses opérations sur le terrain. L’objectif est de soutenir la réponse dans les deux pays afin de répondre aux besoins sanitaires accrus qui font suite à la poursuite des hostilités. https://news.un.org/fr/story/2020/10/1079742

La sortie de crise n’a rien d’évident… On peut constater, en fin de compte, qu’il y a deux poids et deux mesures concernant ce conflit. On soutient davantage l’Ukraine contre la Russie que ces autres contrées d’Europe centrale pour des raisons politiques, stratégiques ; et très certainement pour des raisons… comme toujours économiques !!!

L’Europe et le monde regardent ailleurs. On y est tellement habitués…

Pour aller plus loin…

https://www.arte.tv/fr/videos/094279-141-A/haut-karabakh-les-raisons-de-la-haine/

Une Leçon de géopolitique du Dessous des cartes (ARTE – oct. 2020)

Haut-Karabakh : les raisons de la haine

https://www.arte.tv/fr/videos/094003-028-A/une-lecon-de-geopolitique-du-dessous-des-cartes/

Haut-Karabakh : la construction du gazoduc Tanap au coeur du conflit (29 sept. 2020)

https://www.youtube.com/watch?v=QGjFOdCKASM

Arménie/Azerbaïdjan : jusqu’où ira le conflit au Haut-Karabakh ?

https://www.youtube.com/watch?v=MN41dM3rMxg

https://fr.wikipedia.org/wiki/Haut-Karabagh

Le Haut Karabagh (Wikipedia)

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